L'auteur de cet ouvrage, issu de sa thèse soutenue en 1991 à la Rheinisch-Westfälische Technische Hochschule à Aix-la-Chapelle, se propose d'enrichir et d'approfondir la connaissance des recueils gravés, parus principalement au cours du XVIIe siècle, ayant pour objet la représentation graphique des plus fameuses sculptures de l'antiquité gréco-romaine et pour but de les proposer comme modèles aux artistes de l'époque en tant que spécimens de l'anatomie et des proportions du corps humain vu dans sa forme idéale. Dans la connaisance de ces recueils Gudrun Valerius introduit des considerations sur le choix et le groupement des sculptures-modèles en vue d'en déceler la cause, en mettre en parallèle avec la formation et le développement, au cours de ce siècle qui vit la fondation en Europe d'un bon nombre d'académies. A noter tout particulièrement qu'ici, ainsi que le fait entrevoir le sous-titre de l'ouvrage, l'attention de l'auteur s'est portée de préférence sur l'art graphique français et le contenu de ses chapitres se rapporte en grande partie, à quelques digressions d'ordre comparatif près, à l'histoire circonstanciée et aux aspects variés de l'action de l'Académie royale de Peinture et de Sculpture de Paris, dès sa fondation sous le ministère Mazarin en 1648, à la mort, en 1683, de son réformateur Colbert qui entraîna le départ de son premier directeur et puisant animateur, Charles Le Brun, décédé en 1690. Les principales publications illustrées du XVIIe siècle français dont Valerius fait état sont la Représentation de diverses figures humaines avec leurs mesures prises sur les Antiques qui sont de présent à Rome par Abraham Bosse (1656), Les Sentiments des plus habiles peintres sur la pratique de peinture et de sculpture, par Henri Testelin (1680) et Les proportions du corps humain mesurées sur les plus belles figures de l'antiquité par Gérard Audran (1683), auxquelles se joignent les Segmenta nobilium signorum et statuarum que François Perrier avait publiés à Rome en 1638 et l'album de croquis d'après les antiquités romaines par Charles Errard et Nicolas Poussin que conserve l'École des Beaux-Arts et le Livre d'Antiquités se rapportant selon toute probabilité aux années romaines de Charles Le Brun (1642 à 1645) qui demeure à l'état de manuscrit illustré de dessins à la Bibliothèque Nationale de Paris.
En offrant une enquête quasi-exhaustive sur la culture artistique de la Renaissance, en remontant à 1435, date du traité De pictura de Leone Battista Alberti, Gudrun Valerius offre là un vrai traité, dont il ne serait pas superflu de désirer voir paraître, au moins pour sa partie concernant la France « louiquatorzienne », la traduction en français.
B.L.